La Tanzanie veut se positionner comme une plateforme portuaire et logistique incontournable, en élargissant son réseau ferroviaire et en multipliant les nouveaux projets de chemin de fer. Pour le secteur minier national et celui des pays de la sous-région (RDC, Zambie, etc.), les enjeux sont grands.
La Tanzanie est en quête de partenariats pour construire une nouvelle ligne de chemin de fer de 1000 km devant relier l’océan Indien au lac Nyasa et traverser des régions riches en minerai de fer, en charbon et en graphite. C’est ce que rapporte en ce début de semaine Bloomberg qui indique que l’État tanzanien cherche 5,6 milliards de dollars pour financer ce projet.
Selon les détails relayés par plusieurs médias internationaux, y compris Creamer Media, la Tanzanie a déjà obtenu 2,2 milliards de dollars d’intérêts d’investissement plus tôt ce mois, après une présentation du projet à l’Africa Investment Forum à Marrakech. Le chemin de fer passera par le Mozambique, la Zambie ou encore le Malawi, et desservira plusieurs mines de charbon et de minerai de fer dans la région.
« Le projet n’est pas bénéfique pour la Tanzanie seule, c’est un chemin de fer régional qui relie quatre pays. Les grandes institutions financières s’intéressent davantage aux projets régionaux qui intègrent l’Afrique et facilitent le commerce », a commenté Masanja Kadogosa, DG de la Tanzania Railways Corp, l’autorité ferroviaire de la Tanzanie.
Cette information intervient alors que la Tanzanie cherche à se positionner comme une plateforme portuaire et logistique incontournable dans toute l’Afrique de l’Est. Entre autres projets en cours pour permettre d’atteindre cet objectif, on peut citer le projet SGR, qui reliera en Tanzanie, le port de Dar es Salaam sur l’océan Indien au port de Mwanza sur les rives du lac Victoria dans le nord du pays, puis aux pays voisins du Rwanda, du Burundi et de la RDC. Les quatre premières phases de ce projet sont gérées par le turc Yapi Merkezi Insaat VE Sanayi alors qu’une autre partie est attribuée à des entreprises chinoises. Selon la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan, « une fois la SGR terminée, la Tanzanie sera en meilleure position pour utiliser sa position géographique stratégique afin de faciliter le commerce transfrontalier ».
Faciliter le transport de minerais à l’intérieur du pays et dans la sous-région
Les nouvelles lignes de chemin de fer en cours en Tanzanie peuvent avoir plusieurs implications positives pour le secteur minier national et les pays voisins. Elles résoudraient en effet le casse-tête que peuvent représenter pour les compagnies minières (actives sur le graphite, le nickel, le charbon, l’or, etc.) et investisseurs, le transport des minerais depuis les zones minières jusqu’aux ports pour l’exportation. In fine, cela peut rendre la Tanzanie plus attrayante pour les investisseurs étrangers dans le secteur minier et augmenter les investissements dans de nouveaux projets d’exploration et d’exploitation.
Par ailleurs, sur le plan régional, les différents projets de chemin de fer tanzaniens peuvent résoudre les difficultés des pays voisins pour l’exportation de leurs minerais. Par exemple, début octobre 2023, la RDC et la Zambie ont lancé la construction d’une route qui reliera la RDC à la Tanzanie, en passant sur le territoire zambien, et permettra de réduire le temps de trajet pour les exportations congolaises et zambiennes de cuivre et de cobalt, deux métaux essentiels à la transition énergétique. Selon GED Africa, la compagnie qui pilote le projet, les différentes infrastructures entraineront en effet une réduction de plus de 240 km de la distance par rapport au trajet actuel. Ce projet montre le rôle clé que peut jouer la Tanzanie de par sa position dans la fluidification des exportations de métaux en provenance de la RDC, de la Zambie et des autres pays de la région.